mercredi 17 décembre 2014

Mutinerie au pavillon de l'Asie Russe de l'Exposition de 1900 à Paris


On sait que les travaux du pavillon russe pour l'Exposition de 1900 sont exécutés par des ouvriers russes en costume national.
Ces ouvriers ont été accueillis dès le premier jour avec beaucoup de sympathie, par la population parisienne.
On venait les voir travailler avec une affectueuse curiosité. Ils étaient habillés avec des blouses de couleur et un large pantalon enfoncé dans de grandes bottes.

Ils sont une centaine et vivent dans des tentes. Jusqu'à présent, il n'y avait rien eu aucune plainte.
Mais fin juillet 1900, les choses se sont gâtées : M. Delamarre avait été chargé d'arrêter un des travailleurs russes, Stephan Goveloff, qui était accusé, paraît-il, d'avoir refusé de travailler et d’incitation à la rébellion.
Quand le magistrat se présenta au chantier, il fut si mal accueilli par la totalité des ouvriers qui défendaient leur camarade qu'il dut partir.



Comme l'homme de loi ne parlait pas russe et que les ouvriers ne comprenaient pas le français, il était particulièrement difficile de s'expliquer. Le commissaire de police dut employer la force.


Le lendemain matin à cinq heures, le magistrat se présentait à nouveau, mais accompagné cette fois d'un grand nombre d'agents de police.

La scène de la veille se renouvela mais de manière encore plus violente. Les agents de police, à qui ont lancé des projectiles variés, dont des marmites, durent dégainer leurs armes pour leur faire peur.
C'est après une véritable bataille que les forces de l'ordre purent emmener Stephan Goveloff et de deux de ses camarades.

Avec l'habitude que l'on a à gonfler le moindre incident, l'affaire a donc été très exagérée. On a ensuite prétendu que l'homme arrêté était un dangereux nihiliste.
Mais la manière bruyante dont l'arrestation a été faite prouva qu'il fallait écarter cette hypothèse.

En effet, la police russe, très habile, très redoutable et aussi très mystérieuse aurait fait preuve de beaucoup plus de discrétion.
Si les agents de l'ambassade russe avaient eu des raisons de vouloir prendre Stephan Goveloff, ils l'auraient fait eux-mêmes, et personne n'en aurait entendu parler.

Le Petit Journal – numéro 45 - Dimanche 6 août 1899

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