Le Petit Journal – Samedi 16 mai 1891
L’Exposition de Moscou (Vue de la façade)
Il vient de se passer un fait économique qui peut avoir dans l’avenir une grande portée politique, je veux parler de l’ouverture de l’exposition française de Moscou.
Un certain nombre de nos compatriotes, éminents dans les arts, le commerce et l’industrie, se sont réunis et ont organisé en Russie une exposition des produits français.
Et quelle ville ont-ils choisie ?
Non point Saint-Pétersbourg, la cité cosmopolite, la cité aux maisons et aux habitudes modernes, non ils sont allés s’installer à Moscou, la ville sainte, où bat le vrai cœur de l’antique Russie, où les czars tiennent à être sacrés, où l’on conserve les coutumes saintes d’autrefois, à Moscou, la ville presque orientale où étincellent par centaines les dômes dorés.
Il nous faut reconnaître l’héroïsme de ceux que nous avons combattus, alors même que nous en avons le plus cruellement souffert : nous ajouterons donc à Moscou, la cité patriote qui, lorsque Napoléon victorieux terrifiait le monde, préféra s’abîmer dans les flammes plutôt que de rester aux mains de l’envahisseur. Ce fut pour nous le prélude d’épouvantables désastres ; nous ne pouvons néanmoins nous empêcher de saluer la glorieuse et sublime cité.
Aujourd’hui par bonheur les souvenirs de guerre sont effacés entre nous ; bien au contraire, c’est probablement de la bonne entente de la France et de la Russie que dépendent désormais la paix dans le monde.
Aussi avons-nous le cœur épanoui en présence de cette belle manifestation pacifique et nous sommes heureux que l’Europe puisse voir les mains russes et françaises s’unir précisément à Moscou, la cité sainte, comme pour donner plus de solennité aux serments d’amitiés qui s’échangent.
Entrée du vestibule d'honneur. |
Pavillon impérial. |
Jardins côtés nord. |
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