jeudi 14 avril 2011

Le Petit Journal - Supplément Illustré - 9 juillet 1905

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Vue du nouveau pont de Fragnée et des principaux palais et pavillons.


En Belgique, quand on parle de Liége, on dit volontier "Liége-la-Jolie", et rien n'est plus justifié que cet épithète. Souveraine industrielle, Liége n'en a pas moins gardé son pittoresque, et le site où elle s'élève n'est certes pas exempt de poésie. L'exposition universelle, qui attire en ce moment des visiteurs du monde entier, ajoute encore au charme de la cité wallonne.

Jusqu'à présent Bruxelles, la capitale, et Anvers, la métropole commerciale, avaient eu le monopole d'entreprises semblables. Liége, l'industrieuse, a voulu son tour et, avec une persévérance victorieuse, a obtenu que ce fût chez elle qu'on fêta, à l'occasion du soixante-quinzième anniversaire de l'indépendance des Belges, le travail qui a consacré la liberté conquise. S. M. le roi Léopold II, dès le début, couvrit de son haut protectorat l'Exposition de Liége.

Cette Exposition, dont nous donnons plusieurs vues d'après les photographies de M. Henri Bertels, éditeur photographe à Bruxelles, est la plus considérable qui ait été jusqu'ici organisée en Belgique. Elle laisse loin derrière elle celles qui eurent lieu à Bruxelles et à Anvers. Seuls, Paris en 1900 et la grande foire de Saint-Louis furent plus vastes.

L'Exposition de Liége couvre une superficie de 50 hectares sur les quartiers de la Boverie, des Vennes et de Fragnée; elle a, de plus, une annexe de 20 hectares sur le plateau de Cointe.

Pour relier les Vennes avec la rive gauche de la Meuse, on a construit le majestueux pont de Fragnée, remarquable à la fois par sa construction et par sa décoration formée de pylones monumentaux et de statues de granit.

Dans les jardins s'élèvent cent dix palais ou pavillons spéciaux parmi lesquels il y a lieu de relever les palais des Beaux-Arts, de la Dentelle, de l'Art Ancien, de la Ville de Liège, des Travaux de la Femme, de l'Agriculture, du Génie Civil, des Arts et Métiers, des Eaux et Forêts, et ceux d'un grand nombre de nations participantes ou de leurs colonies.

La Galerie des Machines, qui occupe une superficie de plus de 20 000 mètres carrés, donne à l'Exposition le caractère nettement industriel qui convient, en cette région dont l'industrie constitue la plus grande richesse. Les machines électrogènes, le matériel de chemin de fer y sollicitent particulièrement les curiosités de même que les merveilleuses machines Marinoni qui fonctionnent sous les yeux des visiteurs.

Trente-neuf pays sont représentés à l'Exposition de Liége. Il faut noter particulièrement l'Allemagne, la Russie, l'Italie, l'Angleterre, le Japon, la Hollande, la Chine, la Suède, la Norvège, les Etats-Unis, le Canada, l'Espagne, la Turquie, la Grèce, la Serbie, la Perse, le Luxembourg, etc.

Mais la première place appartient sans conteste à l'exposition de la France et de ses colonies.

Sur l'ensemble des halls,  palais et pavillons, la France, à elle seule, tient une large place. Rien que dans les halls de l'Industrie, elle occupe 20 000 mères carrés. La partie coloniale a été particulièrement développée. A côté de vastes emplacements dans les halls et les palais, comme ceux de l'Agriculture et de l'Alimentation françaises, on a édifié des pavillons spéciaux aux colonies d'Afrique, d'Indo-Chine, à l'Algérie et à la Tunisie? D'autre part, nos artistes figurent en bonne place au palais des Beaux-Arts.

Cette large participation s'explique tout naturellement par les liens nombreux qui unissent notre pays à la Belgique et plus particulièrement à cette belle ville de Liége, où l'on parle - et bien fort - notre langue, où la France a de nombreuses relations industrielles, et où nous retrouvons toutes nos aspirations d'art et de littérature.

Il résulte de tout cela que la France est, pour l'instant, à Liége, comme chez elle et, qu'en contribuant si largement au succès de cette imposante manifestation pacifique, notre pays s'est grandement honoré.

Article du Supplément Illustré du Petit Journal du 9 juillet 1905

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