lundi 21 mai 2012

La Serbie à l'Exposition universelle de 1900 à Paris



Le palais de la Serbie se dressait à l'angle du pont de l'Alma et du quai d'Orsay, bien en vue, et il formait, avec ses cinq dômes, une majestueuse entrée, dans cette extrêmité de la rue des Nations.


Milan Kapetanovitch, professeur à l'école polytechnique de Belgrade, aidé ici par l'architecte bien connu Ambroise Baudry, en avait composé les plans, de telle sorte que, du fleuve, un spectateur apercevait le sol des salles d'exposition. C'était un palais d'une supericie de 550 m², ce qui, pour la Serbie, qui ne compte que 2 millions d'habitants en 1900, représentait un emplacement très considérable.


Comme style, il appartenait à l'architecture serbo-byzantine. Le pur byzantin, né à Constantinople, rayonnait dans tous les milieux que traversait la domination turque ; mais ce style était forcément modifié par des particularités locales. C'est ainsi que le palais serbe, quoique visiblement byzantin d'inspiration, s'éloignait du pur byzantin pour caractériser l'art national serbe. Les murs étaient en pierres de petit appareil, alternant avec des assises de briques. Les coupoles étaient en métal, imitant le bronze ou peintes.

Pavillon de la Serbie - Photo Stéréo Félix Potin

L'intérieur du palais était extrêmement intéressant. Lorque les organisateurs de l'exposition serbe eurent demandé et obtenu du commissaire français une concession d'un espace aussi important que celui des premières puissances, ils s'éffrayèrent quelque peu, en se demandant avec quoi ils garniraient leurs salles d'exposition ; mais dès que les comités locaux eurent été institués, les demandes affluèrent, et les adhésions produites révélèrent un mouvement industriel que l'on ne soupçonnait pas. Les organisations manufacturières qui, dans les pays à grosses populations, s'affirment par d'énormes usines, avec des bataillons d'ouvriers, sont, en Serbie, en proportion avec le marché ouvert à leur production, le plus souvent sous la forme de syndicats ouvriers, qui deviennent sociétés de production (tisserands, forgerons, etc.).

Intérieur du pavillon de la Serbie - Les tisseuses.

La Serbie compte surtout par les productions agronomiques, et c'est sur ce point que le compte de Camondo, commissaire général, avait désiré attirer l'attention du commerce français.

Intérieur du pavillon de la Serbie - Exposition de l'agriculture.

Sauf le marché autrichien, la Serbie ne dispose pas encore d'un autre marché, et le souci des intérêts lui commande de se ménager d'autres débouchés. Ainsi, elle produit en abondance des vins, auxquels on a reconnu toutes les qualités que les négociants réclament des vins de coupage. La France, tant pour sa consommation intérieure que pour son exportation, utillise des quantités considérables de ces sortes de vins, dont elle achète une bonne partie à des producteurs étrangers ; de même, pour les cocons de vers à soie, la Serbie produit beaucoup plus que ne consomme son industrie locale, tandis qu'en France les besoins industriels dépassent de beaucoup la production de matière première. Le comité d'organisation de l'exposition serbe s'était ingénié à donner une idée exacte de ces productions diverses du pays et il y a réussi.

Intérieur du pavillon de la Serbie - Le monopole des Tabacs.

Dans la grande salle du palais, toutes dispositions avaient été prises en vue d'une installation, rationnelle et pittoresque en même temps, des produits ou objets, préparés ou réunis par le Comité préparatoire de Belgrade : céréales, tabacs, bois ou métaux, produits mécaniques et travaux de l'Ecole militaire de Kragouievatz ; orfèvrerie, cartographie, meubles de style et mobilier rustique, tapis et broderies variées attiraient l'attention du public qui, toujours plus nombreux, visitait l'exposition serbe.

Intérieur du pavillon de la Serbie - Exposition des filigranes et broderies d'art.

On avait en outre rassemblé à Belgrade les plus beaux costumes nationaux qu'on avait pu trouver dans la vieille Serbie, et rien n'était plus riche que ces vêtements aux couleurs vives et tranchées, que surchargeaient des broderies, et surtout d'innombrables bijoux, admirablement travaillés. Ces costumes habillaient des mannequins artistiquement disposés, et constituaient un musée ethnographique d'une splendeur difficilement égalée.


La Serbie apparaissait ainsi, sous le double aspect utilitaire et pittoresque, comme un pays qui n'a rien ou peu de chose à envier aux habitants de l'Europe.

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