mardi 23 novembre 2010

Candidature Expo Liège 2017

Lu, sur Lalibre.be




"Etre candidat est déjà une réussite !"

Bruno Boutsen et Paul Vaute
Mis en ligne le 23/11/2010
Le bourgmestre de Liège expose les enjeux de la candidature pour 2017. Une Expo vue comme un levier et une manière de repositionner la ville.
Entretien
C’était en décembre 2009 : le Conseil communal de Liège décidait à l’unanimité de déposer la candidature de la Ville à la tenue d’une Exposition internationale en 2017. Une décision suivie du choix, également à l’unanimité, d’une thématique qui a notamment reçu le soutien du gouvernement fédéral en mars dernier. Une décision qui s’inscrit aussi dans la volonté plusieurs fois exprimée du bourgmestre de Liège, Willy Demeyer, de repositionner la Cité ardente sur la scène internationale.
Comment cette idée de candidature de Liège pour 2017 est-elle née ?
C’est à la fin de la précédente législature communale, quand nous avons été invités à l’exposition universelle d’Aichi au Japon. Il faut dire qu’à cette époque, Liège commençait enfin à sortir la tête hors de l’eau. Aujourd’hui, nous sommes une métropole européenne de taille régionale mais à vocation internationale. Par ailleurs, quand est venu le mouvement culturel Liège 2015, nous avions déjà en tête l’idée de la candidature à une Expo en 2017. Depuis lors, nous avons élaboré une stratégie et nous avons obtenu un appui financier tant de la Région que du Fédéral. En outre, nous avons mobilisé toutes les forces vives liégeoises.
Y a-t-il véritablement autour de ce dossier un consensus liégeo-liégeois ?
Tout à fait, il s’agit d’un dossier mené dans un grand pluralisme. Preuve s’il en est, le voyage récent que nous venons de faire à l’Expo universelle de Shanghai avec une délégation issue du conseil communal et qui s’est d’ailleurs révélé fructueux.
Le thème défini, décliné en trois domaines spécifiques (la communication, l’habitat et la santé), n’est-il pas trop dispersé ?
Si la thématique est si large, c’est parce qu’il fallait un consensus en la matière. Mais il est clair qu’elle devra être précisée et c’est d’ailleurs ce à quoi nous nous attelons. Ce qui paraît fondamental dans le monde dans lequel nous vivons, c’est en tout cas le thème spécifique de la communication en tant que vecteur de progrès.
Qu’est-ce qu’il restera de manière durable d’une éventuelle Expo en 2017 ?
On peut sans aucun doute évoquer le futur éco-quartier prévu sur le site historique de Coronmeuse. Je ne peux pas tout dévoiler ici, mais on peut également mentionner le cas de la Foire internationale de Liège (Fil) appelée à déménager vers Bressoux-Droixhe, un quartier qui doit quant à lui être connecté avec celui de Coronmeuse.
Le site retenu a déjà accueilli une Exposition internationale en 1939. C’est un avantage ou un inconvénient ?
Cela peut être un peu les deux En effet, Liège a déjà été gâtée en matière d’accueil de tels événements et le site de Coronmeuse en est un symbole.
Quels sont, selon vous, les atouts principaux de la candidature liégeoise ?
Le principal est constitué par notre position géographique au cœur de l’Europeet à 100 km à peine de Bruxelles. Notre côté transfrontalier, cosmopolite, joue aussi, de même qu’un développement économique avec le Port autonome, le réseau TGV, la logistique Un autre atout est constitué par la population : quel meilleur ambassadeur de sa ville que le Liégeois lui-même ? Enfin, on peut évoquer les volets culturel (OPL, ORW) et sportif (le Standard) ainsi que l’importance des synergies entre culture et économie. Notez aussi que nous sommes la seule ville francophone et européenne candidate. Nous pouvons compter sur le soutien de l’Euregio, de Maastricht comme de Mons parce que nous les avons soutenues. Ne pas être candidats aux mêmes choses permet de se soutenir mutuellement.
Il faut compter avec un sérieux concurrent : Edmonton
Oui, mais sa candidature n’a pas encore d’aval au niveau du gouvernement canadien.
Et les handicaps ?
Il y a la taille : nous devons trouver une structuration qui englobe de 500.000 à 1.000.000 d’habitants, même si c’est pour plus tard, car on n’est pas trop peu à 200.000 pour gagner la candidature à l’Exposition. Les autres soucis sont le taux de chômage, même s’il diminue, et les poches de pauvreté. Et puis, il faudrait que le pays se stabilise
Combien de visiteurs attend-on ?
Sur la base des autres événements similaires, on peut estimer qu’il viendra environ 8 millions de personnes pendant les trois mois de durée de l’Exposition. Ce ne seront pas les 500.000 visiteurs par jour de Shanghai, mais il y aura sans doute une plus grande fréquentation internationale. Nous aurons besoin de milliers de bénévoles pour l’accueil, le conseil, l’orientation sur le site. Nous devons impliquer la population : c’est dans le cahier des charges. Sur le plan budgétaire, toutes les expositions se terminent à l’équilibre. Ce qui coûte, c’est la campagne "électorale".
Imaginons – horresco referens ! – que Liège n’obtienne pas l’Expo 2017. La déconvenue serait grande. Vous avez un plan B pour rebondir ?
Il y a d’abord un plan A qui est le simple fait d’être candidat de manière crédible. Cela, c’est déjà une réussite. Nous positionner, montrer notre ambition, c’est important. Pour exister, une ville ou une région doit être candidate à quelque chose au moins une fois tous les quinze ans. En outre, la candidature va conduire à débloquer une série de dossiers de manière irréversible. Le plan sur la zone de Coronmeuse existera de toute manière. La candidature va aussi doper les investisseurs, notamment dans le domaine de l’horeca. Les Liégeois verront les effets positifs. L’Exposition est une fin en soi, mais elle est aussi un moyen.
Les partisans de Liège capitale culturelle en 2015 voulaient eux aussi que la ville ait de l’ambition…
Quand c’est venu, nous avions d’autres soucis : le TGV, la reprise de notre dette Où en serions-nous aujourd’hui si le dossier de la dette n’avait pas abouti ? La stabilité financière, c’est aussi la liberté retrouvée. Et est une condition nécessaire mais non suffisante de la candidature à l’Expo. Sous tutelle financière dure, on nous aurait invités à essayer d’abord de payer les pensions. Et c’est aussi parce que j’ai été loyal dans le combat sur la capitale culturelle que j’ai pu trouver des alliés pour le mien.

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